Sur la route de Lakeland, Stanley m'a déposée à Cairns. J'y ai vécu chez mon amie Fiona (Irlandaise rencontrée
quelques mois plus tôt à Lakeland) le temps de trouver un emploi. Ce qui m'a pris 2 jours.
Une annonce Gumtree m'a éguillée sur un poste d'aide à domicile ("care person") pour un
monsieur handicapé. J'avais déjà fait serveuse et barmaid, et puis le fait que je ne sois alors disponible que pour peu de temps (6 semaines) rebutait les employeurs... Et Jon, lui, ça ne le
dérangeait pas.
C'est ainsi donc que j'ai rencontré Jon, adorable Néo-Zélandais de 40 ans né avec un handicap moteur cérébral (ou "cerebral palsy"). Après un
entretien challengeur, vu qu'il parle mais que les sons sont très difficiles à comprendre, il a été convenu d'un essai. Et à la fin de l'essai (deux demi-journées), comme nous étions tous les
deux ravis, nous avons fixé ma date d'emménagement, les conditions de rémunération et résolus quelques questions pratiques comme le partage de la nourriture et l'utilisation de la voiture. J'ai
donc emménagé chez Jon à Kuranda.
Kuranda, c'est LE village fait pour moi: petit, très "hippie" et tourné vers les solutions alternatives, le bien-être, et
surtout bourré de gens accueillants et chaleureux. Dommage quand même que tous les lieux de rencontre (cafés, bibliothèque, musées, marchés) ferment vers 14h! Et oui, c'est tellement petit qu'il
ne serait pas rentable pour eux d'ouvrir toute la journée. Alors ils suivent le rythme des touristes qui généralement viennent avec le premier bus et repartent vers Cairns quelques heures plus
tard.
Celà dit, mon temps libre était très bien utilisé quand même: balades aux chutes de Barron, baignade dans les criques et rivières (peu de
risque de salties car trop éloigné de l'océan), visites à Fiona, ou simplement siestes parce que mon boulot était crevant.
Mon boulot, justement, consistait à assister Jon dans toutes les tâches quotidiennes car lui ne peut pas se servir de ses bras/mains et
jambes/pieds. Il peut les bouger mais non les contrôler, et est donc en fauteuil roulant, qu'il peut tout de même déplacer lui-même ce qui lui donne une précieuse liberté de déplacement.
J'ai donc fait les repas, le ménage, la toilette, l'habillage et tout ça, et tout s'est passé merveilleusement bien. Il faut dire que Jon a le
don pour rassurer et mettre à l'aise, et nous avons eu de belles discussions philosophiques sur la vie!
De plus le cadre était très beau et la météo agréable (le village étant en montagne, il ne faisait pas aussi chaud qu'à
Cairns). Seuls les moustiques étaient difficile à supporter.
J'ai arrêté de travailler une semaine plus tôt que prévue (début février), car Jon a appris une mauvaise nouvelle... Le gouvernement de
Nouvelle-Zélande lui a annoncé qu'ils lui coupaient l'aide financière qu'il recevait jusque là car ils avaient découvert qu'il vivait à présent en Australie. Ce qu'il n'était pas sensé faire.
Mais le fait que ses enfants y soient l'avait poussé à déménager. Bref, compliqué et éprouvant, et j'ai essayé de lui apporter tout le soutien possible en attendant qu'une amie à lui puisse
prendre le relais. Nous venions tout juste de changer de maison... je n'ai jamais fait/défait/refait autant de cartons et déplacer autant de meubles de ma vie!
Il nous a été difficile de nous dire au revoir, tant de liens avaient été créés! Mais il faut bien partir un jour...